Nous l’avons vu dans notre article sur les prescripteurs, se faire connaître est primordial pour pouvoir vendre son vin. Mais parfois, la rançon de la gloire est élevée ! Lumière sur un fléau qui gangrène le secteur depuis quelques décennies : la spéculation.
Le vin, tel un objet d’art rare et convoité, est parfois difficile à acheter. Par exemple, certaines cuvées confidentielles, produites en petite quantité ou élaborées par un vigneron de renom, ne sont vendues que sur allocation. C’est-à-dire que si vous n’êtes pas sur la liste des privilégiés avec les clients réguliers, vous ne pourrez pas en faire l’acquisition. Du moins pas sans intermédiaire…
Ainsi, on assiste à l’essor de marchés parallèles où des vendeurs, professionnels ou particuliers (peu scrupuleux) sont prêts à tout pour mettre en marché ces "grands vins", entrainant une hausse des prix pouvant atteindre de hauts sommets.
Au cœur des débats lorsqu’on évoque le problème de la spéculation dans le monde des vins, les grands crus font régulièrement l’actualité par des records de vente en salle des enchères. Un musigny 2006 du domaine Leroy adjugé à 28.244€, un lot de 12 bouteilles du célèbre domaine de la Romanée Conti vendu pour la modique somme de 42.857€… les exemples sont nombreux pour démontrer que le vin est devenu un véritable "objet" spéculatif. À en croire iDealwine, première maison de ventes aux enchères de vins sur Internet en France, il est plus sûr d’investir dans le vin que dans le CAC 40. Le Conseil des ventes* le classe d’ailleurs dans la catégorie Art et objets de collection, l’éloignant de sa nature première de bien de consommation. En France, le chiffre d’affaires généré par les ventes aux enchères de vins ne cesse d’ailleurs d’augmenter. Il s’élève aujourd’hui à 75 millions d’euros alors qu’il était à 47 millions en 2020 (+67% - chiffres du CVV).
* Autorité de régulation du marché des ventes aux enchères publiques en France.
Si l’on retrouve évidemment des amateurs de grandes bouteilles parmi les acheteurs, de nouveaux clients ont fait leur apparition durant ces dernières décennies : les milliardaires étrangers. Plus intéressé par l’image que par le goût, ils sont prêts à dépenser de belles sommes pour faire l’acquisition de lots rares et convoités. Le revers de la médaille : certaines régions viticoles connaissent un plus grand succès au-delà de nos frontières que chez nous.