Pour le premier article de cette Vinvestigation, nous nous sommes intéressés aux coûts de production d’une bouteille de vin. Derrière le prix d’un flacon, un vigneron doit avant tout considérer les dépenses qu’il va engager pour élaborer son nectar. Parlons Crus vous détaille ses différents postes budgétaires.
Entre un vigneron du Jura qui produit quelques milliers de bouteilles de vins bio issus d’une petite parcelle, et un gros faiseur du Beaujolais qui inonde ses dizaines d’hectares de pesticides pour l’élaboration de centaines de milliers de bouteilles, il y a tout un monde ! Il est donc difficile de décrire de façon exhaustive les coûts de productions de toutes les exploitations viticoles de France. Alors, il a fallu faire des choix.
On a interrogé des vignerons qui font à peu près tout sur leur propriété : viticulture, vinification, embouteillage, commercialisation, comptabilité… On a récupéré et analysé leurs données ; comparé ça avec des rapports de Chambres de Commerce et de l’Industrie ; fait des moyennes, des écarts types, des triples intégrales et des équations de fractales à faire honte à la NASA, pour vous proposer le profil d’exploitation suivant : un domaine installé depuis deux-trois ans dans une région où le foncier n’est pas encore trop cher (en Occitanie par exemple). Une dizaine d’hectares de vignes en production qui permettent l’élaboration d’environ 50.000 bouteilles à l’année, divisées en quatre cuvées différentes, qui varient de 10€ (pardon, 9,90€ pour le prix psychologique) à 40€.
Pour élaborer le bon pinard que vous aimez tant, il faut produire du raisin, transformer son jus en vin, le mettre en bouteille, puis l’envoyer chez un client ou un revendeur. Chacune de ces quatre étapes va peser de manière à peu près quantifiable sur le prix de votre flacon.
On dit que le bon vin naît à la vigne, c’est aussi le cas de son prix.
Afin de garantir une certaine qualité, les cahiers des charges des AOC définissent le rendement maximum autorisé sur leur appellation. Il se situe souvent aux alentours de 40/50 hectolitres par hectares (hL/ha). En moyenne, les exploitations qui en font partie ont un rendement moyen d’environ 35 hL/ha. Ce chiffre varie en fonction du terroir, de la qualité du vin que le vigneron souhaite produire, des méthodes culturales…
Prenons comme base le vin le moins travaillé de notre propriété. Il provient de la parcelle la moins qualitative, cultivée avec un rendement plus élevé que le reste du domaine, il est vinifié avec peu d’élevage et vendu à 10€.
Regardons ce qu’il coûte par bouteille produite, ensuite, on verra ce qui vient s’ajouter quand on monte en gamme.
Première étape, la viticulture : 0,90€ pour avoir de beaux raisins.
Le plus cher pour le soin de la vigne, ce sont les fertilisants et produits phytosanitaires (protection contre les insectes, champignons, maladies…). Mais il ne faut pas non plus oublier le carburant du tracteur, les réparations de matériel, la main-d’œuvre…