Domaine Lionel Brenier
La Drôme des collines est plus connue pour ses cultures de pêche et d’abricot que pour son vignoble. Et pourtant, dans le village d’Épinouze, à une heure au nord de Valence, Lionel Brenier s’est lancé le défi de planter de la vigne. Entrevue avec ce vigneron amateur de cépages hybrides.
Quand on pense aux vins de la Drôme, on pense tout de suite aux grandes AOC du Rhône septentrional comme Hermitage ou Crozes-Hermitage. Certains connaisseurs ou lecteurs de Parlons Crus citeront aussi les vins du Diois ou de Grignan, mais de la vigne en Drôme des collines, sur la partie nord-est du département, cela reste assez anecdotique. Lionel Brenier est d’ailleurs le seul vigneron à Épinouze. Originaire des alentours, il a commencé sa carrière dans les fruits. Passionné de vin et de gastronomie, il reprend ses études à 33 ans pour se former à l’œnologie et au commerce du vin. Il démarre en alternance au domaine des Vins de Vienne et après quelques mois, une opportunité au domaine Yves Cuilleron s’offre à lui. Il devient ainsi maître de chai dans ce célèbre domaine en 2006.
Lionel a créé son domaine en 2014 : "J’ai repris une vigne de 1944 en fermage cette année-là. Je dois remercier les agriculteurs de mon village, qui m’ont soutenu dans la création et le développement de mon domaine, en me conseillant notamment sur l’achat ou la prise en fermage de nouvelles parcelles." La vigne existait à Épinouze jusqu’au 19ème siècle, mais elle a été remplacée petit à petit par des pêchers, le kilo de pêches étant, à l’époque, bien plus rentable que le litre de vin.
Lionel et Mélanie, sa compagne, gèrent aujourd’hui un domaine de quatre hectares. Sur leur terroir de galets roulés, ils ont planté du villard, du robin, du persan, du chambourcin… Ces noms ne vous parlent pas ? Normal, ce sont des cépages hybrides.
Les cépages hybrides sont nés pour faire face à la crise du phylloxéra : en croisant des vignes européennes (vitis vinifera) et des vignes américaines (vitis labrusca ou vitis riparia) on a réussi à créer des variétés résistantes au puceron et à certaines maladies de la vigne. Mais finalement, c’est la technique de la greffe qui a plus généralement été retenue comme solution : en greffant des bois de vigne européenne sur un pied américain, on obtient aussi une résistance au phylloxéra, tout en gardant intact le cépage originel et ses qualités.