Boisson apéritive que l’on peut aussi servir à table, effervescent, ouvert à de multiples accords, issu de fruits récoltés à partir de septembre, capable de se présenter en dosage brut, extra-brut ou demi-sec… Attendez, on parle du champagne ou du poiré ?
La matinée a été dense et stressante au travail. C’est la pause de midi - enfin ! – et on va déjeuner avec quelques collègues. Pour décompresser, on prend un verre avant de retourner bosser. Attention, pas deux : l’ébriété au travail, c’est interdit par la loi ! Mais on a bien droit à ce petit verre de vin, de bière, de cidre… ou de poiré : ce sont les quatre alcools autorisés. Autant les trois autres, on les connaît bien, autant le poiré se fait plus rare sur les cartes des boissons.
Si vous avez quelques années d’études en étymologie derrière vous, vous aurez peut-être deviné que le poiré est fait à base de poire. Le terme "vin" est réservé à la boisson à base de raisin, mais le poiré est élaboré de manière assez similaire à un vin effervescent. Regardons à quel point ces deux boissons se ressemblent, ou pas.
De la même manière que le vin a ses cépages, on utilise différents types de poires pour faire du poiré : plant de blanc, poire de fer, fausset, poire de cloche, long bois, antricotin, plant roux, vinot, carizi, ker anna... On les retrouve sous toutes les formes : jolie petite boule ronde châtain, grappe vert pomme, grosse cloche kaki, jaune verdâtre tachetée...
Il existe plus de 2.000 variétés de poires dans le monde ; parmi elles, 200 à 300 sont utilisées pour l’élaboration du poiré, soit autant que de variétés de raisins cultivés en France* (on recense plus de 6.000 cépages à travers le monde). Les poires utilisées pour la boisson n'ont pas le même profil que leurs cousines de table. Elles ont une acidité plus tranchante et une astringence plus marquée. Gare à celui qui s'amuserait à croquer un fruit tout juste tombé de l’arbre, mordre un Doliprane semblerait doux à côté de l'âpreté de ces dernières ! De la même manière, les raisins utilisés pour le vin sont rarement agréables à manger, avec leur peau épaisse et leur chair trop liquide. On distingue d’ailleurs les raisins de table (qui se mangent) des raisins de cuve (qui servent à faire le vin).
* L’AOC Champagne n’en autorise que 7 : chardonnay, pinot noir, meunier, pinot blanc, pinot gris, arbane, petit meslier.