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Parole de vigneron : avec de l’eau de rose, le purin sent moins fort…

Par Sébastien David, publié le 08/12/2022

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© Sébastien David
Avec un arc-en-ciel, la tempête fait moins peur...

La semaine dernière, nous vous avons présenté nos perspectives du millésime 2022 : un état des lieux de tout ce que nous avons constaté et entendu dernièrement dans le vignoble français. L’un des paragraphes alertait sur les potentielles déviances que les vins natures pourraient présenter cette année, avec humour et tact comme nous savons le faire ! Revers de médaille, notre ami Sébastien David, vigneron à Saint-Nicolas-de-Bourgueil, n’a pas apprécié cette mise en garde et nous a demandé un droit de réponse.

Quand je lis votre papier, je me rends compte une fois de plus combien l’idéologie reste implacablement sournoise et vivace, telle les "mauvaises" herbes (qui, au passage ne sont sommes toutes que des plantes "bio-indicatrices").
Je sors juste de chez mon prestataire d’embouteillage, de filtration, et autres actions mécaniques vinicoles (dégorgements…). Cette entreprise est juxtaposée avec un laboratoire œnologique d’analyses et de conseils en élaboration de vins. À grands renforts de "il ne faudrait pas que ça sente la bouse", les vendeurs de cocktail œnologique continuent de noyer le poisson pour protéger leurs intérêts économiques*. Le bien-être du consommateur est secondaire, ses interrogations sur la nocivité ou non de tels produits et de leurs utilisations n’est jamais mise en avant.

* L’auteur de l’article original, n’a aucune bille dans la vente de produits phytosanitaires, hein ! Selon Sébastien David, il serait donc victime d’une opinion engendrée par des "vendeurs de cocktail œnologique". NDLR


Je ne vais même pas rentrer dans le débat "tous pourris" : il y a des bons et des mauvais partout, en conventionnel, en bio, en biodynamie et en nature. Mais ce que l’on constate sur le terrain est simple : les vendeurs et œnologues ne sont pour la plupart jamais prêts à boire des vins qu’ils "trafiquent" avec leurs produits. Par contre, que les consommateurs l’apprennent via l’étiquetage obligatoire va surement leur donner une indigestion. Comme le dit Gérard Depardieu "T’as qu’à voir à la télé, les mecs, ils ont pas de ventre, on ne sait même pas s’ils chient. Ah, c’est pas des mecs qui peuvent casser des chiottes, comme moi".

 

En voilà des raisins qu'on a envie de manger (et de boire) !
© Sébastien David

 

Bon sens paysan

À chaque millésime, ce sont l’adaptabilité et la réflexion qui gagnent, un point c’est tout.
Cette année aura vu nombre d’incongruités : le gel, la grêle, la sécheresse, les inondations, les ravageurs… Un millésime normal quoi. Chaque année, on a un hiver plus ou moins rude, un printemps plus ou moins fort…
Si tu es passé à travers les mailles du filet de ce que l’on appelle pudiquement "l’agriculture", tu reçois une petite invitation des laboratoires vendeurs de produits œnologiques à 15 jours des vendanges, pour t’entendre dire "cette année ça ne va pas" (de toutes façons, par principe, ça ne va jamais). Il n’y a pas assez d’azote dans les moûts, les levures ont été cuites par le soleil, bouffées par les pesticides, pas assez de structure tannique pour faire des grands vins de garde*, "mais où est passée l’acidité ?" et autres regards affligeants sur la vinification dite "moderne".

* Grands vins que plus personnes ne boit au bout de 20 ans, en fait.

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