À la recherche d’alternatives aux produits phytosanitaires, certains vignerons s’essayent à la diffusion de musique dans les vignes, pour protéger leurs plants contre les maladies, les épisodes de gel ou de grêle, mais aussi dans les chais, pour vinifier leurs cuvées dans de meilleures conditions. Parlons Crus s’est penché sur ce qui nous a tout l’air d’être un coup de bluff.
L’esca est l’une des plus anciennes maladies de la vigne : due à différents champignons aériens qui parasitent les ceps en les pénétrant par les plaies de la taille, elle entraîne leur nécrose. Certaines années, jusqu’à 10 % des pieds doivent être arrachés, une véritable hécatombe - ou plutôt esca-tombe ! -. Jadis, les cultivateurs répandaient de l’arséniate de sodium pour en venir à bout, mais des analyses ont révélé la haute toxicité de cette substance, conduisant à son interdiction en 2001.
La société Genodics s’est ainsi tournée vers les travaux du physicien-rockeur Joël Sternheimer, inventeur de la pseudoscience intitulée génodique : l’étude des ondes qui seraient issues des gènes des êtres vivants (même si on se demande bien comment). Selon l’émule malheureux du chanteur Antoine, les acides aminés produiraient des phénomènes quantiques, qu’il appelle "ondes d’échelle". Elles assureraient la cohérence de l’organisme. Ces ondes, transcrites en notes et jouées aux vignes, agiraient par résonance sur la synthèse des protéines et sur le lignage, leur conférant une plus grande résistance à l’esca.
La société Genodics propose à ses clients de diffuser ces mélodies protéiques, ou "protéodies", au lever et au coucher du soleil. Plus d’une cinquantaine de domaines ont adopté la solution, en Alsace, en Champagne, dans la vallée de la Loire, le Bordelais ou encore à Cognac. Cette théorie n’a pourtant été validée par aucune expérience scientifique. Selon les lois de la physique, les phénomènes quantiques ne passent pas à l’échelle macroscopique ; il est donc plus qu’improbable que ce solfège atomique agisse sur les végétaux.