J’aime pouvoir comprendre les choses dès que j’apprends comment elles s’appellent. Je n’ai jamais eu besoin qu’on m’explique ce qu’est un marque-page, encore moins un tire-bouchon. Parfois, c’est plus poétique, mais ça reste compréhensible, comme un gratte-ciel, un abat-jour ou un pissenlit. Les mots ont de l’importance. Je déteste les choses qui ont un nom qui ne les décrit pas bien. Imaginez que Batman puisse envoyer de la soie d’araignée sur ses ennemis. La vie n’aurait aucun sens.

Dans le monde du vin, malheureusement, certains noms donnent mal au crâne, et cette fois-ci on ne peut vraiment pas blâmer les sulfites.

- Vous avez de la Clairette de Die ?
- Non, désolé. Mais j’ai du Crémant de Die si vous voulez. C’est à base de clairette.
- Euh… c’est fait avec de la Clairette de Die ?
- Non, c’est fait avec le cépage clairette.
- Oh ok ! Mais si c’est fait au même endroit avec le même raisin, ça doit se ressembler un peu, non ?
- Ah non, il n’y a pas de clairette dans la Clairette.

Oui, vous avez bien entendu : il n’y a pas de clairette dans la Clairette de Die. Enfin si, peut-être, mais pas forcément.

Commençons par la base : il existe un cépage blanc qui s’appelle clairette (et une mutation rose beaucoup moins répandue), originaire du Languedoc. (Pour plus de clarté, je mettrai tout au long du texte une majuscule quand je parle du vin ou de l’appellation, et une minuscule quand je parle du cépage.)

L’appellation Côteaux de Die fait des vins blancs tranquilles exclusivement avec ce cépage et sa version rose. L’AOC Crémant de Die, l’utilise aussi comme cépage principal pouvant être complété d’aligoté et de muscat à petits grains. Dans le Diois, on aime donc bien la clairette*. Tellement qu’on a nommé le vin du coin le plus connu et le plus ancien d’après ce cépage.